Chaque jour, nous lisons un nouveau livre en classe. Les livres sont les outils puissants pour comprendre le monde et entrer en humanité.
Voici la liste de nos lectures depuis la rentrée:
Dans l’Italie rurale d’après la Seconde Guerre mondiale, il était un jeune garçon dont aucun membre de la famille ne savait lire ni écrire. Le père, méprisé ouvertement par le propriétaire de la ferme, se décida à envoyer son fils dans une école particulière. Tenue par un prêtre, elle proposait des leçons de vie avant toute chose. Les élèves, pauvres, de tous âges, apprenaient que la dignité est aussi importante que le pain. Le narrateur évolue insensiblement, et gagne le combat de son père afin d’obtenir l’électricité à la ferme. Mais un article de journal écrit par les écoliers provoque l’ire des autorités : le prêtre est arrêté. Il décédera de maladie avant son procès, en 1967.
Ray, jeune Afro-Américain, tape sur tout le monde. C’est l’unique moyen qu’il trouve pour exprimer l’immense colère qui l’habite. Traité de mauvaise graine et de pestiféré dans son collège, il passe son temps dans le bureau du proviseur M. Parker, son pire ennemi, un adepte de la punition collective. Suite à la mutation de ce dernier, Ray fait la connaissance de son remplaçant. Plutôt que de recevoir une énième punition, cet homme lui donne rendez-vous au stade pour un footing quotidien. Cette rencontre déterminante offre enfin à cet enfant la possibilité de s’exprimer autrement qu’avec ses poings.
Il suffit parfois d’une oreille attentive, d’une main qui se tend pour faire changer le cours d’une vie, c’est l’expérience vécue par Ray, le héros de ce très bel album. Ce nouveau proviseur a compris que derrière la violence de cet enfant se cachait une très grande souffrance. Cette reconnaissance tardive, suivie d’un solide plan d’entraînement, donne à Ray une dignité, une place dans la société. Un récit fort et sensible qui place l’homme au centre des priorités.
C’est par le biais d’un arbre, un marronnier qui témoigne de ce qu’il a vu, qu’il nous est donné à entendre le témoignage d’une sombre époque, celle de l’expansion du nazisme. Récit bouleversant, à la première personne « je ». L’arbre non plus muet mais vivant et doué de sentiments. Cet arbre malade, en déclin, comme l’époque dans laquelle il vit, raconte alors les jours de clandestinité d’Anne Frank, de sa famille et de quelques voisins. Les saisons s’égrènent. Puis survient leur arrestation, parce qu’ils ont le malheur d’être juifs. Enfin, l’aller-retour dans le récit de l’arbre oscille entre la beauté de ce qu’il imagine être les pensées d’Anne Frank, la noirceur d’une époque et l’espoir d’un renouveau. Toute la force de l’album réside dans ce regard profondément humain que l’arbre porte sur ce qui se déroule sous « ses yeux ».
Syms Covington a 15 ans et vient d’être engagé à bord du Beagle, au service d’un mystérieux passager nommé Charles Darwin. C’est de son point de vue, naïf et juvénile, que va nous être conté le grand voyage autour du monde qu’entreprit en 1831 le naturaliste, alors inconnu. La quête se fait tantôt aventure héroïque et pittoresque, avec l’adoption d’un tatou tout à fait craquant – tantôt investigation policière, avec ses indices, ses fausses pistes et ses hypothèses. Jusqu’à l’illumination finale où chaque pièce du puzzle trouve sa place et où se dessine la théorie qui allait changer la vision du vivant. L’amitié entre les deux hommes ne faiblira pas : Syms deviendra le fidèle assistant du célèbre savant. Une quête captivante – et l’histoire touchante et vraie d’une grande amitié !
Du haut de ses 20 ans, poussé par l’espoir d’une vie meilleure, Wei arrive dans la Baie de Somme alors que la guerre fait rage. « Lui et ses vingt ans, lui et ses frères de sang », recrutés par les autorités françaises et britanniques, « devenu[s] docker[s], ouvrier[s], fossoyeur[s] », sont dès lors sommés de participer activement à « cette guerre du bout du monde qui n’était pas la [leur] ».
En retraçant le destin de ce jeune homme, Gwenaëlle Abolivier et Zaü rendent hommage dans cet album à ces 140 000 travailleurs chinois débarqués de France entre 1916 et 1918 afin de combattre aux côtés des Alliés. Parmi eux, 20’000 trouveront la mort lors du conflit. Si la plupart des survivants regagneront la Chine, quelques milliers de chinois s’installeront définitivement en France.
La classe Mandela 2